« Je peux me mettre à leur place ;
je peux éprouver leurs souffrances. Mais je ne peux pas vivre leur vie. »
André Brink
Allez disons-le, de retour de la saison des parties de châteaux de sable sur la plage, nous sommes ensablés dans l’empathie. Nous sommes assignés à l’empathie et à l’authenticité, en toutes circonstances et gare à nous si nous sommes pris en flagrant délit de jugement ou de colère vis-à-vis d’autrui.
Mais que savons-nous de l'empathie et de l'authenticité ?
Nous nous figurons que l’empathie consiste à tout accepter de l’autre, à le considérer comme bon et fragile, alors que cet autre nous bouscule, nous rejette ou bien nous déplaît. L’empathie serait de faire fi de notre ressenti, en toutes circonstances, pour ne regarder chez l’autre que le meilleur. Contrairement à certaines idées réductrices, ce n’est pas ce que prône la communication non-violente. L’empathie numéro 1 dont parle Marshall Rosenberg, est celle envers nous-mêmes. Celle qui consiste à observer lequel de nos besoins essentiels est relégué au grenier de nos émotions.
Identifier nos besoins inassouvis permet de nous reconnecter à nos aspirations de paix et d’ordre dans la relation. Si je sais ce qui me manque, je peux commencer à formuler une demande. Pour m’y aider, je peux commencer à m’interroger sur la difficulté de l’autre à nourrir ce besoin. Il se peut qu’il ne sache pas le faire, il se peut que cela ne soit pas aussi important pour lui que pour moi, il se peut que pour répondre à mon besoin, il ait besoin que je réponde à un autre de ses besoins.
Nous avons toutes et tous des raisons légitimes à l’origine de nos paroles ou de nos actes. Il n’y a pas très longtemps, un client me disait « Si je vois quelqu'un se diriger droit vers un mur, je ne prends pas de gants pour l’en empêcher ». Disant cela, il pensait, pourquoi se taire, pourquoi attendre, pourquoi tourner autour du pot ? Dans son référentiel, il était honnête, bienveillant et courageux. Évidemment, dans un autre référentiel, nous l’aurions qualifié de rustre ou mal élevé. Cela aurait consisté à ignorer son besoin viscéral de s’interposer face au danger ou au risque potentiel. Il avait besoin d’être rassuré par le fait que son interlocuteur prenne le temps de l’écouter, d’entendre son avis, quel que soit ensuite ses choix ou ses décisions.
Nous nous fourvoyons toujours en regardant le monde extérieur à partir de notre monde intérieur. Être empathique, c’est accepter de penser contre soi-même, sans pour autant perdre notre authenticité.
Comme ce manager un peu « cash », nous sommes sans doute encore rattrapés, à l’occasion, par l’envie de dire les choses, telles que nous les percevons. Si nous le faisions, sans discernement ou sans retenue, nous aurions entre nos mains un couteau sans manche, aiguisé aux deux extrémités, tranchant pour la personne en face, mais aussi tranchant pour soi-même, tant il est inconfortable de parler seul contre tous.
L’authenticité consiste à faire sienne cette phrase d'André Brink, extraite de son livre sur l’apartheid « Une saison blanche et sèche » : « Je peux me mettre à leur place ; je peux éprouver leurs souffrances. Mais je ne peux pas vivre leur vie ». La ligne de crête entre le manque de sincérité et la modération est fine, elle vient régulièrement nous obliger à reconsidérer nos paroles et nos actes pour être authentique sans être blessant.
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À regarder sans modération : comment un coach sportif accompagne son athlète avec l’empathie à son plus haut niveau, sans oublier un petit coup de pression si nécessaire.
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